Les caselles de Saint Jean d'Alcas, 12250, Sud-Aveyron

Publié le par Charline

Les caselles de Saint-Jean d'Alcas

Une caselle est un petit bâtiment de pierre typique des zones d’élevage. Elles étaient construites par les bergers qui utilisaient les pierres retirées des champs ; pendant que le troupeau broutait, ils montaient des murets de clôture, ou de soutènement pour les cultures en terrasses, ou des abris contre le mauvais temps quand ils étaient éloignés de la ferme.

 

Il en existe dans de nombreuses régions de l’Aveyron et autres départements alentour, avec des appellations variées ; dans notre Sud-Aveyron, c’est le mot « caselles » qui domine, venant du latin « casa » (case), petite maison. Cette origine exclue le mot « cazelle » parfois utilisé.

 

Varié aussi le style de construction, propre à chaque bâtisseur et à chaque utilisation. Mais dans tous les cas, malgré leur allure de « clapas » (tas de pierres), elles relèvent d’une architecture très soignée et étudiée pendant des générations ! Dommage que les communes en général et les propriétaires en particulier n’accordent pas plus d’intérêt à ce petit patrimoine construit avec une grande attention car sous leur aspect massif, il peut se révéler fragile ; chaque pierre est indispensable à la solidité du bâtiment, une seule manquante peut ruiner l’abri !

 

Donc, à l’avenir, quand vous randonnez dans les pelouses sèches ou dans les prés entourés de végétation, prêtez attention à tout amoncellement de pierres, il peut cacher une petite merveille des siècles passés !

 

Aucun plan n’est établi, donc il y a autant de variétés de caselles que de caselles, à chacune ses particularités. Celles de Saint-Jean d’Alcas, commune de Saint-Jean et Saint-Paul, sont assez originales : carrées, à une pièce, deux pièces, en angle, avec ou sans clapas …

 

Le type de construction est l’ « encorbellement », technique connue depuis plus de 5000 ans. Chaque pierre est posée sur la précédente en léger décalage de façon à former une voûte qui est fermée par des lauzes croisées, c’est la « clé ». Tout est basé sur le centre de gravité de chaque pierre pour donner un équilibre parfait à l’ensemble.

 

Les caselles de Saint-Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés, c’est vers un voyage dans le temps que vous allez en suivant les bouissières qui vous mèneront vers votre but : dénicher les caselles qui ont l’art de se camoufler sous les buis et derrière les nombreux clapas.

 

Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,
Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,

- La première est relativement « classique » : allure de clapas, bâtie en encorbellement, avec porte à linteau simple et sommet fermé par plusieurs dalles servant de clé. C’est le modèle courant dans la région. Toutefois, elle s’en distingue par des angles droits à la base et non arrondis comme souvent.

Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,
Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,
Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,

Partons vers la seconde caselle non sans voir le village de Saint-Jean d’Alcas sous un jour inhabituel sur fond de Combalou.

voir le village de Saint-Jean d’Alcas sous un jour inhabituel sur fond de Combalou

- Elle est le symbole du « pays », étant de plus bien visible contrairement aux trois autres, plus ou moins cachées dans la végétation de Canta Merlhe. Rectangulaire, bâtie selon le procédé de l’encorbellement, elle possède une porte qui semble arrondie du fait de la petite taille du linteau simple, elle est aussi coiffée d’une clé.

la végétation de Canta Merlhe. Rectangulaire, bâtie selon le procédé de l’encorbellement
la végétation de Canta Merlhe. Rectangulaire, bâtie selon le procédé de l’encorbellement
Les caselles de Saint Jean d’Alcas, la végétation de Canta Merlhe. Rectangulaire, bâtie selon le procédé de l’encorbellement

- La troisième réserve une surprise : le berger a pensé au confort en y créant deux pièces, une petite pour lui et une grande pouvant contenir 10 à 15 brebis ! Située sur le serre de Canta Merlhe, on y entre par une petite porte sans linteau qui donne accès à une forme en « Y » et deux passages étroits vers les salles ce qui assure une bonne protection contre les intempéries, une prouesse d’imagination …

Les caselles de Saint Jean d’Alcas, Située sur le serre de Canta Merlhe, on y entre par une petite porte sans linteau qui donne accès à une forme en « Y » et deux passages étroits
Les caselles de Saint Jean d’Alcas, Située sur le serre de Canta Merlhe, on y entre par une petite porte sans linteau qui donne accès à une forme en « Y » et deux passages étroits
Les caselles de Saint Jean d’Alcas, Située sur le serre de Canta Merlhe, on y entre par une petite porte sans linteau qui donne accès à une forme en « Y » et deux passages étroits
Les caselles de Saint Jean d’Alcas sont situées au-dessus du village, sur le plateau des « Bouissières », à plus de 600 m d’altitude. Quelques champs cultivés, beaucoup de pâtures, des chemins bordés de végétation, pas trop de dénivelés,

- Enfin, le clou de balade, la caselle de Caussaret, dite " des Maquisards ", surnommée ainsi car elle servit de cache pour les armes et les munitions qui y furent stockées pendant la guerre 1939 / 1945. Elle se situe sur le Puech Montaut. L’extérieur en forme de clapas ayant perdu des pierres ne laisse pas deviner que l’intérieur a la forme d’ogive qui fait penser à une église avec une hauteur de 2m80 au centre et une fenêtre au fond de la « nef ». Exceptionnelle ! Elle est de plus à angle droit, là encore pour une meilleure protection. Du fait de sa forme, ce sont de nombreuses pierres qui forment la clé de voûte sur toute la longueur. L’entrée en ogive très basse et étroite est en surplomb par rapport au sol intérieur, on « descend »  dans le bâtiment.

 

Les caselles de Saint Jean d’Alcas,  dite " des Maquisards ", surnommée ainsi car elle servit de cache pour les armes et les munitions qui y furent stockées pendant la guerre 1939 / 1945. Elle se situe sur le Puech Montaut
Les caselles de Saint Jean d’Alcas,  dite " des Maquisards ", surnommée ainsi car elle servit de cache pour les armes et les munitions qui y furent stockées pendant la guerre 1939 / 1945. Elle se situe sur le Puech Montaut
Les caselles de Saint Jean d’Alcas,  dite " des Maquisards ", surnommée ainsi car elle servit de cache pour les armes et les munitions qui y furent stockées pendant la guerre 1939 / 1945. Elle se situe sur le Puech Montaut
Les caselles de Saint Jean d’Alcas,  dite " des Maquisards ", surnommée ainsi car elle servit de cache pour les armes et les munitions qui y furent stockées pendant la guerre 1939 / 1945. Elle se situe sur le Puech Montaut
Les caselles de Saint Jean d’Alcas, André Fages a consacré un chapitre à ces caselles dans son livre « Caselles et Pierre sèche »

Comment ces bâtisseurs eurent-ils ces idées ? Quel savoir avaient-ils pour imaginer de telles prouesses architecturales ? Et cela, à partir de rien, les déchets qui encombraient les champs deviennent des œuvres d’art. Vraiment, à cette époque les hommes de la campagne étaient des artistes sans le vouloir. Heureusement pour nous, le broyage des pierres n’existe que depuis peu sinon, ce patrimoine n’aurait pas existé,

André Fages a consacré un chapitre à ces caselles dans son livre « Caselles et Pierre sèche », collection Passion des Causses, publié en 2000 par « Los Adralhans ». Les plans de cet article sont tirés de cet ouvrage.

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article