Le Minier, commune de Viala du Tarn, 12490, Sud Aveyron
Le Minier
A voir : Les riches demeures, le moulin des "deux Aygues" et l'église
Pittoresque village proche de Viala du Tarn, aujourd’hui bien calme après le tumulte de son époque glorieuse où sa mine fit sa richesse et engendra bien des convoitises !
Pour y accéder, à Saint-Rome du Tarn, prendre à gauche après le pont qui suit l’aire “du pigeonnier”. Suivre le Tarn jusqu’à la bifurcation à droite sur la D 73 jusqu’au pont et à droite vers Le Minier.
Sur la rive droite, les ruines du moulin de la Rode (de roda : roue à auges) :
Le Minier fut un village très peuplé : 120 habitants il y a 60 ans ! Il avait sa propre mairie. Retombé à 9, le nombre d’habitants permanents est de 15 aujourd’hui plus les résidents secondaires : maisons achetées par des étrangers …. Un ancien habitant est revenu et a installé ses 300 brebis sur le plateau, redonnant une petite place à l’agriculture disparue.
Extraits de « Saint-Beauzély », de Christian-Pierre Bedel, col. Al Canton, 2008
L'histoire (La grande)
Le village du Minier doit sa création et sa richesse à l’exploitation des mines dès le XIIe siècle qui s’est accompagnée de la découverte en 1250 de la mine d’argent d’Orzals, au Nord du Minier (Il s’agissait de mines de plomb argentifère, qui dans les 12e et 13e siècles, produisaient jusqu’à 50 à 80 kg d’argent). Le comte de Toulouse et surtout les comptes de Rodez d'abord, puis Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse et du Rouergue surtout, toujours en grand besoin d'argent, œuvrèrent à son développement dans ce qui n'était pas encore Le Minier. En pleine activité durant les XIIIe et XIVe siècles, les mines ont engendré des revenus importants qui expliquent la splendeur architecturale du village. Vers 1320, il y avait un “garde du poids entrant”: il enregistrait la production d’argent du site ! Le minerai extrait était transporté à dos d’ânes jusqu’à Decazeville !
C’est à cette époque que les habitants, attirés pas les privilèges offerts, sont descendus dans la vallée sur les deux rives du ruisseau pour fonder "le bourg du Minier". Ils construire les remarquables demeures de style gothique avec leurs portes en ogive, leurs fenêtres géminées avec chapiteaux sculptés et colonnettes. Certaines s'inscrivent dans la tradition romane qui persiste encore.
La plus représentative de cette heureuse période est située sur la rive gauche :
Fenêtres géminées en ogive, fenêtres à meneaux, fenêtres chapiteau colonnette :
Cheminées en forme de lanterne des morts : (XIVe siècle) :
Les lanternes des morts étaient élevées dans les cimetières. Les lanternes où la flamme brûlait jour et nuit, étaient le symbole de la communion permanente des pensées entre les vivants et les morts. Ces constructions sont issues d’anciennes traditions celtiques qui se sont maintenues pendant des siècles. Ici, ce qualificatif a été donné par erreur à une souche de cheminée médiévale.
L'histoire (la "petite")
"En 1250 le village du Minier se développe considérablement avec la découverte des mines d'argent. Nous savons qu'une chapelle dédiée à saint Jacques fut fondée par un nommé ORCIVAL prêtre, mais nous ne connaissons pas la date de cette fondation. Toutefois lors de la création en paroisse du Minier en 1758 des réparations sont faites immédiatement par Jean FOISSAC de Saint-Rome-de-Cernon et Guilhaume GALZIN de Lapanouse-de-Cernon. Les paroissiens ont fourni les manœuvres et les matériaux pour le prix de 297 livres 15 sols .
En 1673 Louis CONSTANS du Minier fait dans son testament un legs de 3 émines de vin à la charité Saint-Jacques du Minier.
En 1776 la grande humidité qui règne dans la chapelle fait périr un tableau et les paroissiens s'obligent à payer la somme de 12 livres aux marguilliers de l'église pour le remettre en état.
En 1789 Pierre COSTES, curé du Minier, demande dans son testament que soient dites 1000 messes basses pour le repos de son âme par les prêtres du district de Montjaux et ce, dans les deux ans suivant son décès "la moitié du jour et l'autre moitié de requiem". En outre, durant cinq dimanches, les marguilliers distribueront du pain devant la porte de l'église.
De plus "il veut être enterré dans le cimetière du Minier, près de la croix, que tous les prêtres du district soient présents, que son corps soit enfermé dans une bière dont le couvercle sera cloué par dessus lequel y sera mis un surplis, un bonnet carré et une étole". Il décède en avril 1789 et est remplacé par Mas-Besombes jusqu'en 1792 où la paroisse est supprimée.
En 1826 les habitants demandent qu'un vicaire soit installé au Minier et se proposent de lui assurer un logement et le paiement annuel de 300 francs. Pour ce, ils hypothèquent leurs biens :
- Louis GAILLAC et Jean-Baptiste SALSON, hypothèquent une terre située au terroir del Bousquet.
- Pierre GALZIN, dit Varès, une vigne et une châtaigneraie, dite la Vernière, terroir de las Fourques.
- Pierre GALZIN, dit Marsal, une pièce de terre au terroir de Persinhac.
- Jean-Amans PERRIERES, François LACOMBE, et Jean GALZIN, dit cardayre, chacun une pièce de terre au Moulinet.
- Jean-Antoine GAUBERT, de Doulsac, une pièce de terre au camp dé Jordi, terroir del Puech, ou camplong."
(Extrait d'une communication donnée (dans l'église du Viala du Tarn) en 1992 par Mr Maurice MIQUEL président du CGSA)
Études récentes
Depuis 2017 - 2018, Alain Bernat étudie le sol et le sous-sol de la région.
Plus récemment, une campagne de fouilles a été menée par Nicolas Minvielle Larousse sous la direction de Françoise Gales (2021).
L’église, son histoire
La paroisse du Minier faisait partie des "11 clochers de la commune actuelle du Viala" :
• Le Viala dès 1383 : Saint-Symphorien,
• La Rouvière (vers Montjaux) en 1256 : église Saint-Jacques,
• Le Minier : Saint-Jacques,
• Amalou : Saint-Ogrice (disparue) et Sainte-Juliette,
• Valencas en 1675, Saint-Joseph (disparue),
• Saint-Étienne de Meilhas, isolée vers Coudols, 1279,
• Symphorien, 1349 (?) au nord du Viala existe encore,
• Ladepeyre avant 1524 : St Pierre existe encore au dessus du Pinet,
• Pinet a toujours Saint-Sauveur,
• Plescamps, Notre-Dame, après Pinet vers Aysennes a disparu,
• Coudols : 1444, Saint-Martin, doute sur son existante !
Jusqu’en 1758, le Minier est découpé en trois paroisses. Les revenus des sacrements et des services religieux entraient directement dans les poches des paroisses. C’est pourquoi, plus un village était riche, plus il était convoité par l’église qui pouvaient en retirer des avantages financiers.
Si le Minier, malgré sa faible étendue, était divisé en trois paroisses, c’est bien parce qu’il était « rentable », et ceci, grâce aux revenus des mines.
Les trois paroisses étaient délimitées par des ruisseaux formant des limites naturelles :
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la rive gauche en aval du pont dépendait de la paroisse d’Amalou. Le village du Minier(en partie), la Nauq, le Moulinet, moulin de Rode et Valencas, étaient dépendants de la paroisse d’Amalou.
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la rive gauche en amont du pont, une partie du Minier, Doulsac et Seigueredoule dépendaient de la paroisse de la Roubière à Montjaux,
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la rive droite dépendait de la paroisse du Viala du Tarn,
Au XVIIIe siècle, elle desservait :
En 1758, l’actuelle église Saint Saturnin devient la seule de la paroisse du Minier. Elle est construite en suivant la pente du terrain :
Hiram Artières avait publié ceci dans "Vieilles églises en Rouergue" :
Suzy, la doyenne du village et responsable de “la clé” explique qu’une messe mensuelle était dite jusqu’à il y a quelques années par un curé du Viala. Aujourd’hui, elle n’est ouverte que pour les enterrements (ou les touristes).
- L’entrée, le chœur, le vitrail :
- l'autel principal :
- L’autel latéral des bienfaiteurs :
- La chaire, le confessionnal, la cloche, le clocher :
En suivant la route qui longe le ruisseau sous l’église, on arrive au cimetière. Un peu plus loin, un jardin potager est installé au bord de l’eau : un petit paradis !
Il reste à retrouver ces caractéristiques en visitant le village :
- A l’entrée, une croix sur la place, le vieux pont, l’église et le monument aux morts:
Il faut flâner dans les rues tortueuses pour faire des découvertes :
- Fenêtres à colonnette, ouverture en ogive, traces de fenêtres en ogive, "lanterne des morts" :
Maison du 13e siècle, à l'entrée du village du Minier
De l’époque de la mine, peu de traces subsistent : le cadre, l’entrée murée :
Pour terminer, quelques détails :
Sur les coteaux, vers le nord, un ancien pigeonnier : le “Moulin des deux Aygues” (de doas aigas : du confluent), d’où l’on peut admirer le village. On y accède par un chemin assez raide qui commence après la ruelle en escaliers :
De là, une vue magnifique sur Le Minier :
Village très encaissé, replié autour du ruisseau et de l'église, un peu perdu mais ô combien agréable avec de nombreuses traces de son riche passé, ses maisons "vivantes", son accueillante place et son banc, le déplacement vaut vraiment la peine ... !
A la sortie du Minier vers la montagne, deux chemins de randonnée :
La rando ci-dessus passe par Persignac, à mi-chemin sur la route des dolmens de Concoules :
Ne pas se fier à l'annonce d'une fontaine ! C'est simplement une zone humide qui absorbe l'eau du massif qui la surplombe et crée un ruisseau qui se jette dans Le Prat Long traversant Le Minier :
Une petite bergerie est proche :
Sur les pierres de la porte; des gravures :
Le long du chemin en redescendant, on peut admirer les vestiges de terrasses et au loin, celles du Minier sur fond de colline dominant Viala du Tarn, là où se situe la Vierge :