Roquefort sur Soulzon, les origines 12250 Sud-Aveyron

Publié le par Charline

Roquefort-sur-Soulzon, les origines

A voir : la chapelle Saint-Pierre

Ce chapitre concerne la formation géologique de Roquefort et les principales curiosités historiques du lieu. Pour la fabrication du fromage, de nombreux sites vous la présenteront.

Roquefort sur Soulzon, Qualifié en 1948 par Louis Balsan, Capitale de la préhistoire des Grands Causses

Formation du site

Site fréquenté depuis des millénaires comme en attestent les riches vestiges de son musée préhistorique de plein air. Dès le chasséen, 4 000 av. J. C., le site est occupé sans interruption jusqu’à nos jours. Qualifié en 1948 par Louis Balsan, Capitale de la préhistoire des Grands Causses.

À commencer par l’histoire géologique qui a modelé un lieu unique en son genre. En effet l’accident tectonique de l’époque quaternaire a créé l’éboulis du Combalou essentiellement constitué de masses calcaires sur un lit de marne. Les caves existent un peu partout dans la masse éboulée parcourue de failles et diaclases baptisées fleurines, trous souffleurs en occitan, qui permettent une autorégulation des caves maintenant l’air à 95 - 98% d’humidité et la température entre 8 et 12 °C.

uefort sur Solzon, Les caves existent un peu partout dans la masse éboulée parcourue de failles et diaclases baptisées fleurines,

Aspect actuel de l'ancienne rue des Caves :

Les quilles des Baragnaudes.

Roquefort sur Soulzon, la corniche du plateau du Combalou provoquant plusieurs phénomènes géologiques dont les quilles des Baragnaudes

Il y a plusieurs millions d’années, durant la période du Jurassique, l’activité volcanique, et l’alternance des glaciations et des redoux, ont fracturé et effondré la corniche du plateau du Combalou provoquant plusieurs phénomènes géologiques dont les quilles des Baragnaudes qui sont des monolithes verticaux assez impressionnants.

Baragnaudes est le nom du plus vieux quartier de Roquefort. Selon la tradition populaire, les Baragnaudes seraient des déesses de la peur, sortes de sorcières pétrifiées auxquelles les habitants du lieu vouaient un culte particulier. Le mot signifie aussi "fées malfaisantes".

Les premières caves furent exploitées le long de la base du plateau du Combalou, dans les éboulis et les failles :

Roquefort Baragnaudes gravure
Gravure du 19e siècle

Photo actuelle :

Peu à peu, de nouvelles caves furent ouvertes de l'autre côté de la rue principale ; elles étaient reliées aux fleurines par des tunnels pour bénéficier du courant d'air nécessaire au développement du pénicillium roqueforti.

Un chemin sécurisé permet de longer ce chaos rocheux qui fait suite aux Quilles :

Le chaos rocheux du Sotch de Balhols.

Suite à l’effondrement de la bordure du plateau lors d’un accident tectonique il y a quelques millions d’années, une grande faille s’est créée de presque 2 km de long et de près de 300 m de large engendrant d’énormes éboulis. Le fond de ce vallon profond de cent mètres, est appelé sotch (nom donné aux dolines sur le causse habituellement).

De la rue des Baragnaudes, prendre vers l'ouest un escalier puis un chemin qui passe devant l'ancien cimetière​ :

Au bout du chemin, vous aurez la vue sur le Sotch de Balhols.

Le rocher de Saint-Pierre et la chapelle

Le quartier des Baragnaudes est situé sous le rocher Saint-Pierre

Le nom de Roquefort apparaît en 1116 dans un texte qui concerne la chapelle castrale de Saint-Pierre

Le nom de Roquefort apparaît en 1116 dans un texte qui concerne la chapelle castrale de Saint-Pierre. Le rocher qui contrôlait au Sud-Ouest l’accès au débouché des caves avait été fortifié et pourvu d’un château. Disparu, il ne nous a laissé que les restes mal visibles d’une tour.

Le rocher qui contrôlait au Sud-Ouest l’accès au débouché des caves avait été fortifié et pourvu d’un château

La chapelle est à nouveau citée en 1315 puis fut abandonnée au XVIIIe siècle. Sans l’intervention de Louis Balsan, ses ruines auraient été jetées bas en 1955. Après l’éboulement d’une partie du soubassement du chœur en 1989, la municipalité vota sa consolidation ce qui permit le sauvetage et l’étude des vestiges, seuls témoins des âges romans (3).

La table d’orientation du rocher Saint-Pierre (690 m) présente une vue sur le Larzac et le Lévézou.

La table d’orientation du rocher Saint-Pierre (690 m) présente une vue sur le Larzac et le Lévézou.

(3) Parcours romans en Rouergue, Pauline de la Malène, tome 2.

 chapelle Saint-Pierre en petit appareil soigneusement taillé, est de dimensions modestes avec une longueur totale inférieure à 11 m

Elle n’a toujours été qu’une chapelle castrale.

L’édifice, en petit appareil soigneusement taillé, est de dimensions modestes avec une longueur totale inférieure à 11 m. Son orientation, déterminée par le socle rocheux qui lui sert de support, est quasiment Nord / Sud. Sa nef rectangulaire n’était peut-être pas voûtée à juger de l’épaisseur de ce qui reste de ses murs. L’abside, en retrait sur la travée droite, était voûtée en berceau sur bandeau.

pelle Saint-Pierre a gardé sa fenêtre Ouest, avec une embrasure à peu près intacte, seule restante des trois qui devaient exister à l’origine

Elle a gardé sa fenêtre Ouest, avec une embrasure à peu près intacte, seule restante des trois qui devaient exister à l’origine. Le muret qui subsiste entre la nef et le chœur pourrait correspondre à la surélévation de ce dernier pour économiser des travaux de nivellement du rocher. Les fouilles ont permis de retrouver quelques restes de pavage dans la nef. Elles ont également révélé que l’aménagement du rocher préalable à la construction avaient été effectués par la méthode du feu qui, connue dès l’âge de fer, consistait à surchauffer la paroi et à la faire éclater en y projetant de l’eau. L’intérêt historique et archéologique du petit bâtiment, datable du XIe siècle et seul témoin du Roquefort des âges romans, est donc loin d’être négligeable. Sa situation à la limite du village dans un cadre encore sauvage ajoute à son pouvoir évocateur. Saluons son sauvetage ! (3)

Jean-Pierre Serres « Fouilles de la chapelle Saint-Pierre » p 114 – 118, 1992.

Robert Aussibal « Roquefort » Millau, éd. Du Beffroi, 1994.

Neck de Basalte

Roquefort sur Soulzon, comme une véritable cheminée. On appelle ces formations des necks basaltiques

On identifie très facilement au milieu des contreforts calcaires du Larzac, une masse homogène vert-gris aux formes arrondies, appelée Roque-Nègre, qui semble traverser la masse des calcaires de couleur ocre, comme une véritable cheminée. On appelle ces formations des necks basaltiques.

Les menhirs

Un menhir est une pierre longue dressée par l'homme, et date de - 3500 à - 2000 ans avant J. C.).

a) Menhir du Soulzon : les interprétations diffèrent à son sujet : s’agit-il d’un simple vestige de l’éboulis du Combalou sur lequel on aurait gravé une croix pour en faire, par exemple au Moyen Âge, une borne limitrophe entre les communautés de Montclarat et de Tournemire ? Ou s’agit-il plutôt d’un ancien menhir ayant fait l’objet d’une christianisation (2 croix profondément gravées côte à côte) comme cela fut fait pour tant d’autres ? Cette pierre plantée d’une hauteur de 3,10 m constitue, quoi qu’il en soit, un captivant prétexte pour partir à la découverte de la vallée du Soulzon.

Menhir du Soulzon, 2 croix profondément gravées côte à côte
Menhir du Soulzon, 2 croix profondément gravées côte à côte

Situé au bord du Soulzon, on y accède par un chemin tracé dans un dédale de rochers et de végétation luxuriante, en contre-bas de l’Office de Tourisme.

Menhir de La Peyre Fioc : ce menhir de près de 3 mètres de haut

b) : Menhir de La Peyre Fioc : ce menhir de près de 3 mètres de haut, se situe par la D 93, près du col des Aiguières que franchit la route de Roquefort à Massergues, en bas d’un champ près de la ferme des Pradeilles.

Le sentier des échelles sur le plateau du Combalou.

C’était autrefois un lieu de pâturage pour le troupeau de brebis de la ferme du Mas de Roquefort. Il y passait une grande partie de l’année accédant au plateau par un chemin de 5 km. Tous les jours, un employé de la ferme apportait le repas au berger, et empruntait pour cela un raccourci par les éboulis, le long de la falaise, qui comprenait deux échelles. Il a été aménagé pour facilité l'accès aux touristes.(Bernard Sirgue : au sentier des échelles qui monte sur le Combalou, rouvert il y a deux ans environ, cinq mille visiteurs ont été comptabilisés par an. C’est énorme.).

Cap barré du Combalou

Tout proche de cet éboulis, trois sites attestent la présence de l’homme au milieu du IVe millénaire avant notre ère avec la venue et la colonisation de la région par les Chasséens, peuple de pasteur du néolithique sachant fabriquer une poterie de qualité.

a) Sur le Roc de Combalou qui domine Roquefort, à l’intérieur d’un cap-barré à triple enceinte déjà reconnu par M. Louis Balsan, des recherches poursuivies depuis 1953 par la Société des Études Roquefortoises ont fait découvrir, au milieu d’autres substructions gallo-romaines, celles d’un petit temple carré, de tradition celtique, qui mesure 8 m sur 9, 50 m.

Combalou, un petit temple carré, de tradition celtique

Au voisinage de ce sanctuaire, le mobilier recueilli est particulièrement riche ; il comprend :

– une série de 11 monnaies romaines, identifiées par M. Fournier, directeur de la Circonscription des Antiquités Historiques de Clermont, qui vont de l’époque d’Auguste à la seconde moitié du IVe siècle,

– de petites statuettes en terre blanche de Vichy (3 têtes de Vénus, 1 lion, 1 chien, 1 oiseau, etc.) qui ont dû servir d’offrandes (fig.4),

Temple du Combalou, de petites statuettes en terre blanche de Vichy

– 1 médaillon céramique à l’image de Jupiter, sortie des ateliers de la Graufesenque,

– une abondante céramique sigillée, unie et ornée sortie des mêmes ateliers et portant, entre autres estampilles, celles des potiers Calvus, Patrius, Secundus, Senius, Vitalis, etc.,

– quelques vases en poterie estampée, grise ou rouge, du IVe siècle,

– des bijoux et des objets en bronze : une fibule argentée en forme de croissant, deux autres fibules dont l’une émaillée d’argent, un petit bracelet, un stylet, deux aiguilles, etc.,

– des armes et des outils en fer : une serpette, une pointe de lance, des pointes de flèche, etc.

Ces trouvailles ont été étudiées par M. J. P. Serres. (1)

À en juger par leur nombre et leur diversité, le sanctuaire du Combalou, où le culte a duré au moins quatre siècles, offre un réel intérêt et son exploration mérite d’être poursuivie.

le sanctuaire du Combalou, où le culte a duré au moins quatre siècles

b) Dans le bois de Conteyne, à 700 mètres au Nord-Ouest de Roquefort, près du C. D. 23, M. J. P. Serres a reconnu un gisement gallo-romain marqué par la présence de tuiles à rebord, de céramiques sigillées de La Graufesenque et de poteries communes de couleur noire(2)".

(1) Bull, de la Société d’Études Roquefortoises, nos 1 et 2, janvier et juin 1956.

(2) Cf. J. P. Serres, ibid, n° 2, juin 1956, p. 35

Fibule à arc en bronze, bords rectilignes ou parfois concaves ; ressort bilatéral à 6 ou 8 spires, corde externe et griffe placé sous un retour en épingle à cheveux de la tête de l’arc ; porte-ardillon ajouré ou fenestré. L’arc porte fréquemment un décor incisé, estampé ou incrusté de fils d’argent.

À Roquefort : variante à arc, étranglé au centre, la partie supérieure ornée de guillochures incrustées d’argent.

Temple du Combalou, une fibule argentée en forme de croissant, deux autres fibules dont l’une émaillée d’argent

La fabrication des fromages de cette époque est attestée par la découverte de faisselles et de vases percés servant à égoutter le caillé. En 1953, un temple gallo-romain dédié à Jupiter est découvert sur le plateau du Combalou. Difficile alors de dire alors si le premier mangeur de roquefort est un pasteur de l’âge de bronze ou un pâtre gallo-romain !

Photos souvenirs

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