La chapelle Saint-Cyrice d'Infernet, 12430, Le Truel, Sud-Aveyron

Publié le par Charline

La chapelle Saint-Cyrice d'Infernet

A voir : le sentier d'interprétation

Sur la route de Melvieu à Villefranche de Panat (D 31), à proximité du Village du Truel, cachée par un vallon, se dresse la chapelle romane Saint-Cyrice. Magnifique petit édifice de schiste aux toits de lauzes bordé par un petit ruisseau.

Route vers Saint-Cyrice chapelle le Truel
Route vers Saint-Cyrice

Cette petite chapelle pourrait remonter au Xe siècle. Son architecture ne laisse apparaître aucun vestige roman. Remaniée aux XVe et XIXe siècles, elle conserve l’appareillage en schiste et les encadrements en grès de ses origines. Elle est dédiée aux martyrs Saint-Cyrice et Sainte-Julitte.

Chapelle Saint-Cyrice le Truel

Comme beaucoup d’églises au Moyen Âge, elle est située hors du village mais près de la voie qui menait les voyageurs vers Rodez après la traversée du Tarn au Truel. La première trace écrite date de 1410. Saint-Cyrice est alors l’annexe de l’église paroissiale de la Besse-Vors située à 12 km du Truel. Elle en devient l’église paroissiale dès 1508. Les villageois y accèdent par un chemin qu’ils appellent « le chemin des corps » car à chaque enterrement, le cercueil est monté à dos d’homme afin d’y être inhumé.

Chapelle Saint-Cyrice le Truel 1

Cette pratique cessera au XVIIIe siècle lorsque la chapelle Saint-Michel construite au Truel en 1467 devient église paroissiale. Saint-Cyrice reprend alors son rôle d’annexe.

Ces nombreux transferts de culte montre que le Truel, d’abord simple hameau, a pris progressivement de l’importance notamment grâce à son bac et à la richesse de ses vignes.

Aujourd'hui encore, la chapelle Saint-Cyrice fait l'objet d'un suivi sérieux de son état ; association et commune font tout pour sauvegarder ce havre de paix !

Chapelle Saint-Cyrice le Truel 2

Vue de l'intérieur

Photo "volée" prise par une vitre cassée ...

Chapelle Saint-Cyrice le Truel intérieur

Les ouvertures

Saint-Cyrice le Truel porte entrée et rosace
Saint-Cyrice le Truel ouvertures
Saint-Cyrice le Truel ouvertures 1

 

Saint-Cyrice le Truel ouvertures 2
Saint-Cyrice le Truel ouvertures 3

Le cimetière

Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière
Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière 1
Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière 2
Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière 3
Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière 4
Chapelle Saint-Cyrice le Truel cimetière 5

Plaque de remerciements

Chapelle Saint-Cyrice le Truel plaque remerciements

Le calvaire

Chapelle Saint-Cyrice le Truel calvaire

L'autel extérieur

Chapelle Saint-Cyrice le Truel autel extérieur
Chapelle Saint-Cyrice le Truel autel extérieur 1

La source

Chapelle Saint-Cyrice le Truel source

Clocher et croix sur la toiture

Chapelle Saint-Cyrice le Truel clocher
Chapelle Saint-Cyrice le Truel croix

Dans le mur, une pierre ressemble à une meule cassée ... 

Sanit-Cyrice Le Truel morceau de meule

Deux autres morceaux de meules se trouvent dans le périmètre :

- Derrière le robinet :

- et sur le pignon de l'entrée, on peut y voir le trou central appelé "œil"

"C'est un élément de meule rotative, manifestement en granit gris-bleuté du Pinet, dont les affleurements les plus proches sont à 600 m environ au nord-est du site."

Découverte d'un buste gaulois 2019

Dans le Cahier d'Archéologie Aveyronnaise n° 32, Philippe Gruat fait part de la découverte d'un buste de statue à l'occasion de travaux d'entretien. Dans le cimetière, sur un tas de pierres au nord du grand Christ, cette statuette a été étudiée ; elle n'a rien à voir avec la chapelle. "Elle appartient stylistiquement à la famille des bustes gaulois de la fin de l'âge du fer" (- 400  à l'an 0). Pas de détails du visage, il ne s'agit sans doute pas d'une divinité mais plutôt de la représentation d'un ancêtre "héroïsé" ou d'un défunt de lignée aristocratique ou d'une élite guerrière ?

Au cours de ces travaux, des tombes de 1880 ou antérieures ont été découvertes.

Chaque année, un pèlerinage a lieu au mois d'août.

Les panneaux d'interprétation installés par le Grand Parc

La vie des saint patrons :

Sainte-Julitte (Julie ou Juliette) vécut en Turquie vers 303. Riche veuve chrétienne, elle fut condamnée au bûcher pour avoir osé intenter un procès contre un homme d’affaire qui l’avait dépossédée ; en effet, l’édit impérial mettait les chrétiens hors la loi. Elle s’écria sur le bûcher : « Périsse mon corps plutôt que de renier Dieu mon Créateur ». Les flammes étouffèrent son corps sans le consumer.

Saint-Cyrice (Saint-Cyr ou Saint-Cirice) était un garçon de 5 ans qui vécut lui aussi en Turquie au IVe siècle. Il devint martyr pour avoir défié le juge Alexandre dont tout le bonheur était de condamner les chrétiens. Un jour de pleine audience, il lui cria : « Je suis chrétien ». Fou de rage, le juge lui fracassa la tête contre la muraille. Saint-Cyrice est souvent considéré comme le fils de Sainte-Julitte.

Saint-Cyrice est un lieu chargé d’histoire et de légendes. Voici le résumé d’une légende de Pierre-Damien Hèbles où il serait question de fantômes

Sans chair ni os

Une nuit qu’il s’était attardé plus que de coutume, un nommé Palet du hameau des Fabreguettes, conduisait sa mule chargée d’un lourd sac de châtaignes sur le sentier qui passe par la chapelle de Saint-Cyrice.

Alors qu’il se trouvait à sa hauteur, le sac glisse sous le ventre de la bête. Grand embarras du conducteur, incapable de remettre la charge à sa place … et de la bête qui ne peut la traîner ainsi posée. Pendant qu’il réfléchit, il entend un son sortir de l’église. C’était un « Gloria in Excelsis ». Qui est là à cette heure se demande-t-il ? Malgré son étonnement et son émotion, Palet se décide à entrer dans l’église.

Le chœur est éclairé par un puissant luminaire. L’assistance dans la nef est si serrée que tout le monde se tient debout. Au bout d’un moment, Palet avise un grand gaillard aux larges épaules qui se trouve devant lui, lui tape sur le dos et le prie de bien vouloir recharger sa mule. Mais sous sa main, ce dos et ces épaules lui semblent vides de chair et d’os, comme si il n’avait touché que de l’air. L’homme le suit pourtant sans rien dire. Palet s’arque-boute et crie à son compagnon : « Anem ! Butatz ! » (Allons, poussez !). Il entend alors une grosse voie caverneuse lui répondre : « E, buta, tu, que as de carne et e d’osses ! » (Et pousse, toi qui es de chair et d’os !) En même temps, un soufflet retentissant lui tombe sur la figure tandis que l’homme disparaît.

Sa force centuplée par la peur, Palet eut vite remis le sac en place et tout tremblant, près de s’évanouir, il rentre chez lui et raconte l’histoire.

Depuis ce jour, il ne passe jamais devant la chapelle sans éprouver un petit frisson et rentre chez lui bien avant la nuit.

La jungle de Saint-Cyrice

C’est fantastique ce qu’un petit coin d’apparence ordinaire peut révéler de trésor et de richesses dès que l’on prend le temps d’y laisser vagabonder sa curiosité.

Saint-Cyrice le Truel ruisseau

Le ruisseau de Saint-Cyrice prend sa source près du hameau de Reynes et se jette dans le Tarn après 3 km d’une course folle. Son eau vive et fraîche (10°) très oxygénée et sans pollution (première catégorie) cache de véritables trésors vivants.

– L’écrevisse « sauvage » ou « écrevisses à pieds blancs » (Austropotamobius pallipes). Victime dès le début du siècle de la « peste noire » (Alphanomycese astaci), de la pollution et du bon goût de sa chair, elle fut supplantée par l’introduction de Californie (Pacifactacus lemiusculus). Vous la reconnaîtrez facilement à son corps allongé (taille de 5 à 12 cm) de couleur gris / brun, sa queue en forme d’éventail, ses longues antennes et … ses pinces. Elle se nourrit de végétaux et de petits animaux aquatiques. Observez là mais ne l’attrapez pas, elle est trop rare et … pince fort !

– La truite sauvage (Salmo trutta fario), famille des salmonidés. Son corps élancé peut atteindre 70 cm et son poids 9 kg. Ce chasseur solitaire aime la fraîcheur et la pureté de l’eau de notre petit ruisseau. Elle est malgré tout difficile à voir car elle reste longtemps à l’affût dans […] de la berge, une souche ou un rocher.

– Le lézard des murailles ((Podarcis muralis). Vous pouvez l’observer facilement dans le magnifique muret de pierre sèche qui court le long du chemin. Il y cohabite avec l’araignée faucheux, l’escargot, la fourmi dont il se régale. C’est un animal peu craintif ; de là à l’attraper, c’est une autre affaire car ce petit reptile de la couleur du schiste qui l’entoure est extrêmement vif et bon nageur.

L’arbre à pain

Saint-Cyrice le Truel jardin

Les coteaux en forte pente de la vallée de la Besse furent pendant des siècles le domaine de la vigne et du châtaignier.

Le châtaignier (Castanea sativa) sera une véritable aubaine pour la région. Élevé en plantation dès le Moyen-Age, il offrait ses fruits et son bois à qui voulait bien les prendre.

Les châtaignes étaient séchées dans des cabanes appelées en occitan « secador » (prononcer sécadou) grâce à la fumée que dégageait sa bogue (enveloppe piquante de la châtaigne) qui servait de combustible.

On la dégustait fraîche ou grillée à la veillée, ou encore en légume (soupe ou purée). Lorsque le blé venait à manquer, le meunier la transformait en farine pour faire du pain.

Le bois de châtaignier était lui aussi exploité. Sa dureté et sa richesse en tanin (6 %) le rendait résistant aux années comme aux parasites. On confectionnait meubles, charpentes, pieux et tonneaux pour la vigne omniprésente dans la région. Hélas, la châtaigne sera détrônée par l’arrivée de la pomme de terre au XIXe siècle. Aujourd’hui, notre châtaignier se repose en compagnie de chêne et du frêne.

Marron ou châtaigne ?

Quelle différence faites-vous entre un marron et une châtaigne ? La châtaigne est le fruit du châtaignier à l’état naturel. Sa bogue renferme un à sept fruits de petite taille. Le marron est le fruit de l’arbre cultivé qui fournit une châtaigne ne renfermant que de gros fruits (plus de 88 % de fruits non-cloisonnés) Donc, un marron est une grosse châtaigne.

Attention de ne pas le confondre avec le marronnier d’Inde des jardins publics : celui-ci n’est pas comestible !

Au pied de ces grands arbres

La prêle des champs (Equisetum arvence), plante vivace appelée queue de cheval, de renard ou de rat. Serrait-ce dû à sa couleur brun-rougeâtre ou à sa longue tige (10 à 25 cm) fortement sillonnée ? En tous cas, cette plante primitive aime les milieux humides … mais pas qu’on lui marche sur la queue !

L’ortie dioïque (Urtica dioica), malgré ses caresses piquantes cette plante urticante de 40 à 10 cm est depuis toujours appréciée pour ses bienfaits. Nos grands-parents s’en fouettaient les membres endoloris par les rhumatismes et s’en préparaient de bonnes soupes. Aujourd’hui, elle reste très utilisée en médecine homéopathique. (Urtica urens) et en engrais biologique. Si elle vous pique, prenez trois herbes différentes et frottez-vous énergiquement.

On se retrouvera quand j'aurai visité l'intérieur de cette très belle chapelle.

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